Révéler Bonnevay
#Bonnevay Découvrir ensemble les identités du quartier, pour esquisser son avenir
1. Le Pôle Sportif – pensé avec les Gratte-Ciel
Pour Lazare Goujon, Villeurbanne doit à la fois se doter d’un centre-ville et d’un pôle sportif capable d’accueillir des compétitions, qui ferait de la ville un deuxième centre et pas seulement une banlieue.
En 1929 est conçu un pôle composé d’un stade capable d’accueillir 10 000 spectateurs (qui prendra le nom du résistant Georges Lyvet en 1945), un terrain de basket, un terrain de gymnastique et un sautoir. Ce « terrain de jeux » est inauguré en 1931 et finalisé en 1933. C’est un équipement précurseur, alors que la pratique du sport se démocratise et que la plupart des communes s’engageront dans la réalisation d’équipements sportifs publics qu’après le Front Populaire.
Le stade sera très utilisée dans l’après-guerre, puis petit-à-petit, avec moins d’intensité.
A côté de ce terrain de jeux, le Conseil Municipal vote la réalisation d’une piscine, alors que « aucun établissement digne de ce nom n’existait jusqu’à présent à Villeurbanne et, l’on peut bien dire, dans la région » (Lazare Goujon). Ce stade nautique est réalisé en même temps que celui de Gerland, toujours dans la saine émulation entre Lyon et Villeurbannne…
La piscine d’été apparaît véritablement avant-gardiste lors de son inauguration. Elle compte deux bassins de plein air. Le premier, mesurant 50 m de long sur 18 m de large, est conforme aux réglementations des compétitions officielles. Le second (18 m de long sur 5,5 m de large), moins profond, est dédié à l’apprentissage de la natation. L’ensemble compte 316 cabines pour les hommes, 64 pour les dames. En outre, on trouve autour des bassins deux plages de sable fin de 300 m² chacune qui constituent le solarium, très novateur pour l’époque. La piscine possède aussi des gradins qui peuvent accueillir 2000 spectateurs. L’eau est maintenue saine par un système de filtres à quartz à la pointe de la technologie de l’époque. Avec les douches obligatoires, tout est fait pour garantir la santé des baigneurs, « premier souci de l’administration ».
Si cette piscine est très fonctionnelle, la place accordée aux loisirs est sans équivalent. En plus de la plage, les baigneurs ont accès à une buvette et un restaurant, où les consommations et les repas leur sont servis soit dans une salle au niveau du quai, soit sur une terrasse surplombant les bassins.
Après 40 ans de service la piscine d’été sera fermée en 1972 et en 1976 sera décidéé la construction d’un centre nautique encore plus important, qui sera inauguré en 1984 par Charles Hernu, le centre Etienne Gagnaire qui a ensuite connu une série d’améliorations et de compléments, jusqu’à aujourd’hui : un bassin de 50m pour les compétitions officielles, deux bassins de plein air de 25m sur 20, une pataugeoire, une salle de musculation, etc.
En 1989, Gilbert Chabroux promet un nouveau stade pour l’équipe de basket, aux normes du sport de haut—niveau (5 000 places pour un club évoluant en coupe d’Europe). La salle Raphaël de Barros ne peut pas être aménagée et un nouvel équipement voit le jour à côté du Pôle sportif Georges Lyvet et du centre natutique Etienne Gagnaire, renforçant l’identité « sport et loisir » de ce quartier. L’ASVEL y disputera son premier match en 1995.
2. Le foyer industriel - Autour de la centrale hydroelectrique
Au milieux du XIXème siècle, le canal de Mirible avait été creusé au pied de Caluire et Rillieux, pour permettre la navigation du Rhône. Mais contruit trop près de la pente, ce canal a été un échec, la paroi s’érodant pour finir par envaser le fond et rendre le canal impraticable. Or le canal a détruit les lits anastomosés du Rhône, accentuant les effets des crues sur Miribel et Vaulx-en-Velin. En 1894, la société des forces motrices du Rhône engage la construction titanesque du canal de Jonage, qui mobilise 3 000 ouvriers, pour limiter les inondations et convertir l’énergie fluviale en courant électrique.
La centrale hydroélectrique est créée en 1899. C’est un projet d’une ambition inouïe. Avec une capacité de 7GW, c’est alors la centrale la plus puissante du monde (elle offre aujourd’hui une capacité de 63GW). Elle offre alors plus de puissance que les 136 centrales électriques françaises réunies.
C’est la présence de cette capacité électrique qui va inciter les industries ayant besoin d’électricité à s’installer à l’Est de l’agglomération lyonnaise et générer le besoin d’en loger les ouvriers. Heureusement, la production électrique de la centrale permet aussi l’éclairage public à l’électricité. C’est la centrale hydroélectrique qui fait passer Villeurbanne d’un conglomérat de hameaux agricoles à une ville ouvrière.
Le Célibatorium adjacent à l’usine, dont la Ville est désormais propriétaire prolonge ce patrimoine remarquable et son avenir fait partie de la palette de projets qui constitueront l’identité à venir du quartier.
3. Le quartier des loisirs – les guinguettes du bord de Rize
Dès la fin du XIXème siècle, au bord de la Rize, pas encore redéfinie en canal de Jonage, les guinguettes pullulent, prinncipalement sur la rive nord : le Transvaal, la maison David, le café alpin, la Maison carrée, la Cabane, la Villa des Saules et surtout, chez Jean Favier. Les ouvriers lyonnais prennent le tram jusqu’au terminus de Cusset, traversent le pont et remonte la Rize, pour trouver à mager, à boire, des terrains de boule, des canots,…
Ces guinguettes triomphent pendant toute la première moitié du XXème siècle et font de Cusset le quartier de la joie et des loisirs. Elles ne s’éteindront progressivement qu’à l’ère du rock et de la télévision, avec notamment la fermeture de la guinguette Favier, en 1966 (côté Vaulx, elle est aujourd’hui un centre de vacances).
Ce bord de canal a été pendant près d’un siècle le centre des loisirs de plein air et de la joie de vivre de l’agglomération lyonnaise, à une époque où la population était nettement moins nombreuse et la centralité urbaine était beaucoup plus éloignée qu’aujourd’hui.